8 vies pour la planète
Maison des Associations
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Etudier et communiquer sur le fonctionnement écologique et systémique de l'étang
Certaines zones de l’étang de Berre sont des déserts limoneux. Peu d’espèces y nichent. Les fonds meubles empêchent les moules et les algues de s’accrocher. Les courants arrachent les quelques herbiers marins qui tentent de structurer les fonds avec leurs rhizomes. En fonction des courants, des tonnes d’algues viennent s’amonceler et finissent d’asphyxier les sols avant de se faire entraîner plus loin. Faute de nourriture, les rares poissons ne font que passer. Seuls quelques gastéropodes marins créent des galeries dans ces milieux hostiles.
En 2022, dans le cadre du projet ZoRRO, nous avons posé des bouées dispersantes à Saint-Chamas, dans une zone très pauvre en écosystèmes. Nous avons pu observer que cette bouée est devenue un véritable oasis de vie au milieu d’une zone très hostile. Déjà, en nous approchant, nous observons des poissons qui s’échappent. La bouée, qui flotte dans les vagues, est recouverte d’une couche solide de moules, d’éponges et d’algues. Le petit filet dans lequel nous avions enfermé quelques épis de zostères marines, avec leur graines, s'est gonflé de vie. Il fait désormais environ 50 cm de diamètre et abrite une vingtaine d’espèces, des alevins, des vers, et même 3 crabes qui ont grandi à l'intérieur du filet.
C’est cette observation qui nous a donné l’idée de construire un récif flottant. Nous avons commencé la construction d’une plateforme flottante, le “Ressentiscaphe”, en 2019, en partenariat avec le collectif SAFI et le bureau des guides du GR2013. Nous avons alors constaté qu’un écosystème d’une grande diversité s’était créé sous ce dernier. La structure bois servant à l’accroche des bidons, la ceinture latérale et le plancher ont offert une configuration d’abris physiques et d’ensoleillement qui ont favorisé le développement de nombreuses espèces animales et végétales (moules, éponges, rascasses, crevettes, goby et autres poissons). Ce type de structure est alors apparu comme complémentaire à la réintroduction d’herbiers marins, eux aussi formant des abris pour les espèces marines.
En 2024, nous avons hérité de cette plateforme qui nous sert pour l’instant de base expérimentale. Nous avons amarré la plateforme à un corps mort mis à disposition par la capitainerie du port de plaisance de Saint-Chamas. La chaîne de ce corps mort est suspendue par un flotteur afin d’éviter de racler le fond et d’endommager les habitats et les espèces présentes autour de l'amarrage.
Le but du projet “Le récif” est de proposer une zone de développement des écosystèmes de l’étang (surface, fond et zone intermédiaire), afin de les étudier mais aussi de communiquer sur l’évolution du vivant dans notre étang.
Notre médiation se fait au travers du Nautile (caravane sur le port de mai à octobre) qui est la vitrine de nos actions, ou bien lors d’ateliers participatifs avec les populations locales.
Elle est constituée d’une tourelle qui la rend plus visible, et d’une plateforme flottante constituée d’une structure bois supportée par des bidons. Comme nous l’avions observé sur la bouée dispersante, la partie flottante du récif est beaucoup moins sensible à l’étouffement des algues. Elle permet également d’isoler les espèces qui y nichent des prédateurs rampants. En particulier, le rapane veiné, espèce invasive de l’étang, qui se nourrit des mollusques qui se trouvent dans le sol mais qui ne parvient pas à remonter une chaîne pour rejoindre l’embarcation.
Nous attachons des “habitats” à plusieurs niveaux de la colonne d’eau pour qu’ils servent de niches écologiques sur les différentes zones du récif. Les premiers de ces habitats en terre cuite ont été réalisés lors d’ateliers avec le jeune public. D’autres constructions similaires seront confectionnées avec les organismes souhaitant participer au projet (centres sociaux, écoles, chantiers d’insertion, etc.)
Un ancrage solide en béton (appelé corps mort) sert d'amarrage au récif. Cailloux, briques, poteries et autres éléments solides sont également déposés. Le fond est également une zone expérimentale d’habitat pour la faune et la flore. Plusieurs ancrages de zostère marine y ont été déposés et des naissains d'huître plates vont également y être introduits (projet Sergent Garcia). Les différents reliefs rocheux sur la base du corps mort sont aussi un lieu d’étude quant aux espèces qui colonisent les lieux. Si cette zone est le plus souvent en anoxie et recouverte d’algues qui assombrissent les fonds, elle abrite de nombreuses espèces de gastéropodes et de bivalves, en particulier des moules ou des palourdes.
Ces trois parties jouent chacune leur rôle dans l’écosystème. Elles abritent des espèces différentes et complémentaires et permettent aux alevins de nicher et de se nourrir tout au long de l’année.
Nous réalisons des prises de mesures de la température, état de surface (mer plate à agitée) et turbidité.
Nous mettons en place un procédé de captation photographique pour établir un suivi visuel de l’évolution du développement de l’écosystème. L’objectif est de trouver des méthodes répondant à des contraintes structurelles et de flottabilité en intégrant des bois locaux et en mettant à l’épreuve le bambou en tant que structure et flotteur. La structure est actuellement en épicéa. Sa durée de vie est donc très limitée, surtout en milieu marin.
Nous fabriquons des flotteurs en bambou pour remplacer les bidons plastiques présents actuellement. Nous les ajoutons pour l’instant à la plateforme existante.
Nous construirons en 2025 une nouvelle plateforme en fonction des résultats des expérimentations réalisées en amont. Le fait de repartir d’une structure vierge va nous permettre d’observer en temps réel et par la captation photo, l’évolution du développement de la biodiversité et de voir quelles espèces se développent dans quels habitats. Les paramètres de température, salinité et turbidité de l’eau sont enregistrés afin de corréler l’évolution de la biodiversité et l’impact de ces paramètres.
Nous sommes en train de mettre au point une sonde capable de mesurer ces différents paramètres de façon automatisée (voir la page "projet l’étang données").
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